De la  survie à la Conscience Universelle : une exploration en quatre niveaux pour retrouver le « Paradis Perdu »

Publié le 9 avril 2025 à 15:18

De la  survie à la Conscience Universelle : une exploration en quatre niveaux pour retrouver le « Paradis Perdu »

Nous traversons tous, d’une manière ou d’une autre, des étapes dans la vie où notre perception du monde évolue. Parfois, nous restons bloqués dans une vision limitée de l’existence, axée sur la simple survie et la préservation de soi. Parfois, nous commençons à entrevoir qu’il existe « autre chose », un horizon plus large, qu’il soit teinté de spiritualité, de foi, de quête de sens ou d’aspiration à un idéal universel. Ces changements progressifs de point de vue peuvent être décrits comme autant de « niveaux de conscience », et chacun d’eux colore nos gestes, nos priorités, nos relations, ainsi que notre rapport à la société et au divin.

Ma réflexion qui suit propose une plongée au cœur de ces différents niveaux de conscience. Elle invite à se demander : « Où suis-je, moi, dans ce cheminement ? À quel niveau de conscience mes pensées et mes actes correspondent-ils ? Est-ce que je me contente de “vivre” comme je l’ai toujours fait, ou bien ai-je déjà franchi des paliers, fût-ce seulement par instants, qui m’ouvrent à la conscience universelle ? »

Dans un monde où les conflits, les inégalités et les rivalités abondent, il est essentiel de prendre conscience de la multiplicité des façons d’être et de percevoir la réalité. Non seulement ces écarts de vision peuvent expliquer bien des oppositions, des guerres et des malentendus, mais ils peuvent aussi devenir, si nous savons comment les aborder, une formidable opportunité de croissance collective et personnelle. Plus encore, reconnaître l’existence d’une forme de « connexion universelle » peut nous aider à élever notre niveau de conscience, à transformer notre comportement et peut-être, à la longue, à recréer ce « paradis perdu » auquel tant d’êtres humains aspirent.

  1. Le premier niveau : la survie et la matière

La plupart d’entre nous débutons notre existence avec une conscience étroitement rivée à la survie. Dans l’enfance déjà, l’un de nos premiers impératifs est de manger, de dormir, de chercher confort et sécurité. Cette nécessité se prolonge à l’âge adulte, où nous devons assurer notre subsistance : trouver un emploi, payer notre logement, pourvoir à nos besoins et, éventuellement, à ceux de notre famille.

Ce premier niveau de conscience est souvent marqué par la peur de manquer. La peur de ne pas avoir assez d’argent, pas assez de ressources, pas assez de reconnaissance. On cherche à assurer en priorité : on veut un toit, de la nourriture, un moyen de se soigner, un semblant de stabilité qui nous protège du chaos. On veut aussi se faire une place dans la société : suis-je un « dominant » ou un « dominé » ? Dans le langage très primitif de cette conscience, la relation à l’autre peut se réduire au rapport de force. Nous vivons dans un contexte où le plus fort gagne souvent, où le plus nanti peut s’acheter certains privilèges. Pour de nombreux individus, cette première couche ne disparaît jamais entièrement, même si d’autres aspirations peuvent venir la nuancer.

À ce stade, on peut éprouver des émotions très basiques comme la crainte, la colère, la jalousie, l’envie ou encore l’ambition purement matérielle. Bien entendu, nous avons tous besoin d’une forme de stabilité. Le problème surgit lorsque l’existence s’y cantonne exclusivement. Ceux qui vivent dans cette forme de survie perpétuelle , qu’ils soient pauvres ou même parfois aisés mais obsédés par le manque, demeurent prisonniers d’une conscience limitée à la sécurisation de leurs besoins immédiats. Même si certains ont suffisamment d’argent pour voyager ou pour posséder de nombreuses choses matérielles, ils peuvent rester, au fond d’eux, bloqués dans la peur de perdre, la crainte de l’autre, le désir de domination, la comparaison constante. Cela crée un climat qui rend difficile l’accès à une conscience plus élevée.

De ce fait, ce niveau de conscience alimente nombre de conflits : lorsque je me sens en insécurité, je me méfie de l’autre, je le tiens pour un rival. Dans les cas extrêmes, cela débouche sur des guerres, sur la volonté de posséder toujours plus, de contrôler plus de territoires, de ressources, de populations. Dans ce jeu de la survie, chacun est son propre centre et n’a de considération pour autrui qu’en fonction de l’utilité ou de la menace qu’il représente.

Question introspective : Vous reconnaissez-vous, ne serait-ce qu’en partie, dans cette dynamique de survie et de peur de manquer ? Il ne s’agit pas de se juger sévèrement, mais d’observer ses propres motivations et angoisses. Parfois, nous sommes plus prisonniers de ce premier niveau qu’on ne l’imagine, parce que notre société, dans son ensemble, nous y ramène sans cesse en faisant de la compétition et de la consommation le principal moteur de la réussite sociale.

 

  1. Le deuxième niveau : la conscience des autres et la recherche de relations

Arrive ensuite un deuxième niveau : je me rends compte qu’il existe autour de moi des êtres humains qui, eux aussi, ont leurs besoins, leurs désirs et leurs aspirations. Cette prise de conscience nous amène à considérer l’importance des relations sociales. Or, ce niveau peut se manifester de deux manières :

  1. Une dynamique de survie étendue à la meute : J’ai conscience de l’autre, mais je l’intègre dans une logique d’affrontement ou de hiérarchie. Je construis un rapport de dominant/dominé. J’ai beau voir qu’il y a des gens autour de moi, je m’interroge surtout : « Comment tirer avantage de cette situation ? Suis-je en train de gagner ou de perdre ? » Ainsi, même si j’établis des relations, elles peuvent rester marquées par la loi du plus fort. Ici, l’enjeu principal demeure la place que j’occupe dans la société ou la famille. Je cherche une validation : suis-je aimé ? Suis-je craint ou admiré ? Suis-je en mesure de contrôler mon environnement affectif, social ou professionnel ?
  2. Une ouverture vers la coopération : Pour d’autres, prendre conscience de l’existence des autres aboutit à l’émergence d’un sens de la coopération. Je réalise que, pour survivre au mieux, pour être heureux, il est plus efficace de partager. J’apprends le sens de l’empathie, du soutien mutuel. Je reconnais que la gentillesse, la collaboration, l’esprit d’équipe, la solidarité créent un cadre plus stable pour chacun. Au début, cette inclination peut naître de l’intérêt personnel : « J’ai besoin des autres pour m’en sortir ». Mais au fil du temps, ce penchant devient parfois sincère et se transforme en respect ou en affection véritables.

D’un point de vue social, ce deuxième niveau peut aller de la simple « loi de la jungle version sophistiquée » à une forme d’humanisme encore fragile, mais déjà prometteur. Les conflits à ce stade proviennent de l’incapacité à dépasser le rapport de force, malgré l’évidence qu’il y a d’autres humains dotés de sensibilité. La société peut donc osciller entre, d’un côté, une mentalité de conquête (dans le but d’assurer son bien-être matériel ou son pouvoir), et de l’autre, une tentative d’harmonisation qui, souvent, se heurte aux forces de la concurrence. Cela engendre fréquemment de grandes tensions : ceux qui se sentent « au-dessus » recherchent le contrôle, et ceux qui se sentent « en-dessous » tentent de grappiller un peu de pouvoir ou de reconnaissance, voire de survivre tout simplement.

Question introspective : Où vous situez-vous dans ce deuxième niveau ? Réagissez-vous aux gens avec un esprit de collaboration, ou éprouvez-vous souvent le besoin de vous positionner comme dominant ou dominé ?

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. L’important, c’est de se voir tel que l’on est, et non tel que l’on fantasme d’être.

 

  1. Le troisième niveau : l’ouverture à « autre chose »

À un moment, beaucoup d’êtres humains perçoivent qu’il existe plus que ce que la matière ou les rapports sociaux laissent paraître. Peut-être est-ce l’émergence d’une certaine foi, la rencontre avec un enseignement spirituel, religieux ou philosophique, la lecture d’un livre qui ébranle nos certitudes… Cette prise de conscience nous introduit au troisième niveau : « Il y a peut-être autre chose que ce que je vois ou ce que je crois connaître. »

C’est une étape charnière qui peut prendre diverses formes : rejoindre une religion, s’intéresser à l’ésotérisme, chercher des signes, tâcher de trouver un sens plus profond à la vie, s’aventurer dans la méditation ou la prière. Néanmoins, cette expansion de conscience peut, elle aussi, s’accompagner de travers si nous n’y veillons pas :

  • Le risque de l’ego spirituel : Je découvre la spiritualité, la méditation, le Reiki, la prière, la liturgie, ou n’importe quel autre cadre, et au lieu de m’ouvrir réellement aux mystères plus vastes de la vie, j’y vois un moyen de me sentir « spécial ». Je me dis : « Je suis différent du commun des mortels, j’ai accès à une vérité supérieure ! » Et je retombe donc dans le schéma de la domination, mais cette fois sur un plan spirituel. Cela engendre des jugements : « Ceux qui ne croient pas comme moi sont dans l’erreur. » Ou : « Je suis plus évolué qu’eux. »
  • La quête sincère : Au contraire, certaines personnes entrent dans cette ouverture avec une réelle humilité et une vraie curiosité. Elles ne prétendent pas détenir la vérité, mais se mettent en chemin. Elles font l’expérience de leurs limites, de leurs doutes, tentent de concilier raison et foi, cherchent des réponses intérieures. Elles entrevoient la possibilité qu’au-delà de la surface des choses, une réalité plus subtile est à l’œuvre.

Dans ce troisième niveau, la notion même de « croyance » peut être ambiguë. Il est possible de croire en un Dieu, en des entités, en des lois spirituelles, en un karma, etc. Il est aussi possible de se méfier de toute croyance, mais de pratiquer une forme de spiritualité laïque, centrée sur la conscience et le lien à la vie. Quoi qu’il en soit, ce niveau indique déjà un pas vers « l’invisible » : on ne se contente plus de la matière. Cependant, tout dépend de l’attitude adoptée dans ce rapport à l’invisible.

Sociologiquement, c’est ici que naissent les religions organisées, les écoles de pensée, les mouvements ésotériques ou spirituels, avec tout ce qu’ils peuvent comporter de bienfaits (solidarité, sens, repères) et de dérives (intégrismes, fanatismes, dérives sectaires, manipulation). Les conflits surgissent lorsque l’on utilise cette ouverture au sacré comme un nouvel outil de domination : « Mon Dieu est meilleur que le tien. Ma croyance est plus légitime. Mon clan est élu, le tien ne l’est pas. » L’histoire humaine foisonne d’exemples tragiques où la religion a servi de prétexte aux conquêtes, aux meurtres, aux exclusions, tout cela sous couvert de « sacré ».

Question introspective : Si vous vous intéressez à la spiritualité ou à la religion, dans quel esprit le faites-vous ? Est-ce pour vous rassurer, pour vous croire supérieur ou choisi, pour juger et écarter ceux qui ne partagent pas vos vues ? Ou bien est-ce une soif sincère de découverte et d’union avec quelque chose qui vous dépasse ?

 

  1. Le quatrième niveau : la connexion universelle

Arrivés à ce point, certains d’entre vous ressentent peut-être un élan, un appel puissant vers ce qu’on pourrait nommer la conscience universelle. C’est une perspective au-delà de la simple croyance. On ne parle plus seulement de dogmes ni même de la question « Dieu existe-t-il ? » On entre dans une expérience directe du fait que « tout est connecté ».

Dans ce quatrième niveau, je commence à ressentir profondément que je fais partie d’un « grand tout », que tout ce qui existe dans notre univers, toutes vies, toutes matières, l’énergie, la conscience sont intimement liés, au-delà des apparences. Je réalise qu’au-delà de mes perceptions physiques ou mentales, une force de vie habite chaque être, chaque chose, et que mes actes, mes pensées et mes choix ont un impact sur le monde qui m’entoure. De là naissent plusieurs valeurs fondamentales :

  • L’intégrité : Être honnête avec soi-même et avec les autres. Ne plus séparer ce que je fais en privé de ce que j’affiche en public, rechercher la cohérence dans ma vie et dans mes actes.
  • L’authenticité : Être vrai, exprimer ce qui me tient à cœur, refuser les masques qui me font trahir ma propre essence ou manipuler autrui.
  • La responsabilité : Comprendre que mes pensées et mes comportements participent à la grande trame de la vie. Que je suis, à ma mesure, responsable de l’harmonie ou de la disharmonie que je crée dans mon entourage.
  • Le respect : Reconnaître la dignité fondamentale de chaque être, parce que je le sens désormais comme un fragment du même tout que moi.
  • L’engagement : Agir en conscience, ne pas rester passif. M’impliquer pour le bien commun, pour la protection de la planète, pour l’aide aux plus fragiles, dans la mesure de mes moyens et de mes forces.

Dans cet état de conscience, le regard que je porte sur le monde n’est plus dominé par la peur ni par le désir de vaincre l’autre. Je ne cherche plus non plus à m’isoler dans une tour d’ivoire spirituelle. Je ressens au contraire un profond désir de communion, d’unité, de co-création. Les divergences de culture, de religion, de langue, de couleur de peau, de classe sociale, ne sont plus des barrières insurmontables. Elles deviennent la richesse d’une humanité plurielle, à condition que chacun se souvienne qu’il est une cellule au sein d’un immense organisme : la Vie, la Conscience, l’Univers, peu importe le nom qu’on lui donne.

On pourrait appeler ce sentiment la « redécouverte du paradis perdu ». Loin d’être un simple conte naïf, cette notion de paradis peut symboliser un état intérieur de cohérence, de paix et d’amour. Cet état ne concerne pas seulement mes émotions, mais une compréhension profonde que mes gestes, mes pensées, mes paroles peuvent soit nourrir la terre, soit la détruire. Le paradis, c’est l’harmonie avec le vivant, avec la nature, avec soi-même et avec les autres.

Question introspective : Avez-vous déjà ressenti, ne serait-ce qu’un instant, un sentiment d’unité profonde avec le monde ou avec autrui ? Comment avez-vous accueilli cet instant ? Peut-être un souvenir, un moment de grâce, une intense sensation d’être à votre place, en parfaite communion avec la vie. Comment faire pour que ce ressenti ne reste pas qu’une fugace expérience, mais devienne peu à peu un état d’être ?

 

  1. Les conflits naissent des différences de conscience

Maintenant, envisageons comment ces différents niveaux de conscience cohabitent dans une seule et même société. Imaginons un individu encore ancré dans la survie, la méfiance, la peur du manque, qui se trouve confronté à une personne animée par une conscience universelle, portée à la compassion et à la fraternité. Le fossé est immense : l’un dira à l’autre qu’il est « naïf » ou « déconnecté de la réalité », tandis que le second pourra juger le premier « primitif » ou « trop matérialiste ». Bien sûr, ces jugements mutuels entretiennent l’incompréhension et la discorde.

Sur la scène internationale, les conflits armés, les famines, les inégalités, les massacres ou l’indifférence généralisée trouvent souvent leur origine dans ces écarts de conscience. Certains ne voient le monde qu’en termes de pouvoir, de domination, d’accumulation de ressources, ou bien pensent que leur religion, leur identité, leurs croyances justifient qu’ils écrasent les autres. D’autres, à un autre stade, s’insurgent contre ces abus ou ces injustices, mais se sentent impuissants à changer le cours des choses. Et puis, il y a ceux qui ont la sensation de percevoir un enjeu plus vaste, un dessein commun, mais qui peinent à se faire entendre parce que la majorité reste focalisée sur des problèmes de survie ou des divisions religieuses et identitaires.

L’échiquier social : De surcroît, certaines élites (politiques, économiques, médiatiques et invisbles (voir inconnus)) ont compris, à un certain degré, comment jouer avec ces différentes consciences. Elles exploitent la peur, l’ignorance, la soif de confort et la tendance à la concurrence pour maintenir leur pouvoir et leurs privilèges. Elles encouragent  la population à rester dans une conscience de survie, à se polariser dans la peur de l’autre, ou à se divertir sans cesse, de sorte qu’il y ait peu de temps et d’énergie pour la réflexion critique et la connaissance profonde. C’est plus facile de contrôler des individus dispersés, stressés, occupés à travailler sans relâche pour payer leurs factures et éteindre leur télévision au dernier moment, que de dialoguer avec des individus éveillés à la solidarité, à la justice et à l’engagement citoyen.

Ceux qui, au contraire, visent un partage équitable des ressources, une meilleure compréhension du monde, une élévation commune de la conscience, se heurtent à de multiples obstacles : inertie de la majorité, résistance des puissants, complexité d’un système devenu global et extrêmement compétitif. Pourtant, l’histoire montre que, parfois, une minorité suffisamment motivée et connectée aux valeurs universelles finit par faire naître de grands changements.

 

  1. S’interroger : « Où suis-je ? Quelles sont mes préoccupations réelles ? »

La question que chacun peut se poser est : « Où est-ce que je me situe dans ces différents niveaux de conscience ? Est-ce que j’en ai seulement conscience ? » Il n’y a pas de honte à admettre qu’on est encore dominé par ses peurs, qu’on recherche d’abord la sécurité matérielle, qu’on oscille entre le désir de dominer et la crainte d’être dominé. De même, il n’y a pas de honte à reconnaître qu’on utilise parfois une spiritualité de façade pour se sentir au-dessus des autres, ou qu’on se laisse enfermer dans une vision étriquée de la religion. L’essentiel est d’observer où l’on en est, avec sincérité et compassion pour soi-même.

Ensuite, il s’agit de voir si nous ressentons un appel vers autre chose. Avons-nous le désir de nous engager dans un chemin qui nous mène vers la connexion universelle ? Cela ne se fait pas en un jour. On ne passe pas magiquement de la survie angoissée à l’illumination complète. C’est un chemin fait de petits pas, de prises de conscience graduelles, de recul et d’avancée. Nous  avons besoin d’un outil : La conscience de la conscience. Un outil qui ne juge pas de ce qui est bon ou mauvais mais qui observe.

  • Observer ses pensées : Sommes-nous souvent dans le jugement, dans la critique acerbe, dans la comparaison, dans la défense acharnée de nos intérêts personnels ?
  • Observer ses émotions : Sommes-nous dominés par la peur, la colère, l’envie, l’amertume ?
  • Observer ses comportements : Quels sont nos choix au quotidien ? Que faisons-nous de notre temps libre ? Comment traitons-nous les autres êtres vivants, humains ou animaux ?
  • Observer ses valeurs : Sommes-nous sincèrement attachés à l’authenticité, la responsabilité, le respect, l’engagement ? Ou n’est-ce pour nous qu’un discours abstrait, qui ne se traduit pas vraiment dans notre vie concrète ?

Ces questions peuvent provoquer des inconforts, parfois même des prises de conscience douloureuses. On découvre que l’on est peut-être plus « endormi » ou plus « complice » d’un certain système que l’on ne se l’imaginait. Mais c’est justement par ce genre d’examen intérieur que commence la transformation.

  1. La spiritualité universelle : existe-t-elle vraiment ?

De nombreuses personnes se demandent : « Tout cela est-il vraiment possible ? Une conscience universelle, un sentiment d’unité, n’est-ce pas une utopie ? »

D’autres se demandent : « Et si c’était juste une croyance de plus ? »

En réalité, cette conscience n’a pas besoin d’être étiquetée ou encadrée par un dogme. Elle correspond plutôt à un vécu intérieur, un changement de paradigme, où l’on se rend compte que la compassion, l’empathie, l’amour, la fraternité, la paix ne sont pas de vains mots, mais des forces réelles qui transforment la qualité de nos relations et de nos expériences. On peut résumer l’esprit de cette conscience universelle en quelques points simples :

  1. La vie est sacrée : Je respecte et j’aime la vie, sous toutes ses formes, comme une manifestation extraordinaire d’une intelligence ou d’une force cosmique.
  2. Je fais partie d’un tout : Je ne suis pas isolé dans l’univers. Les autres, la nature, la planète, font partie d’un maillage complexe dont je suis une fibre.
  3. Chaque acte compte : Puisque tout est relié, mes gestes, aussi modestes soient-ils, participent à l’état global du monde.
  4. La connaissance est sans fin : Humilité devant la grandeur et la complexité du réel. Je n’ai jamais fini d’apprendre ni de m’émerveiller.
  5. L’amour est la clé : Non pas un amour égoïste ou romantique seulement, mais l’amour universel qui accueille et reconnaît la valeur essentielle de l’autre.

Au fond, on pourrait dire que la spiritualité universelle n’est pas une nouvelle chapelle qui s’oppose aux autres. C’est un état d’être qui peut exister à l’intérieur ou au-delà de toute religion, de toute philosophie. Il ne s’agit pas d’imposer une doctrine, mais de vivre un changement de perspective.

Mon opinion personnelle, qui n’engage que moi : je crois profondément que cette aspiration existe en chacun de nous, qu’elle peut parfois être étouffée, mais jamais éteinte. Dans les moments les plus sombres de l’histoire, on trouve toujours des êtres lumineux qui, parce qu’ils sentent cette interconnexion, se lèvent et agissent avec courage, témoignant d’une force intérieure qui défie la violence ambiante.

 

  1. Du réveil individuel à la transformation collective

Vous vous demandez peut-être : « D’accord, prenons un moment pour examiner nos schémas, admettons que j’entame une évolution personnelle. Mais comment concilier cela avec la réalité d’un système qui, lui, est souvent fondé sur le profit, l’inégalité, la peur et la compétition ? »

Il est vrai que l’élévation de la conscience ne se décrète pas par une simple loi. C’est un mouvement qui commence dans le for intérieur de chacun. Toutefois, lorsque plusieurs individus opèrent ce travail simultanément, il se produit parfois un basculement : un climat collectif plus bienveillant peut émerger, des initiatives se créent, des réseaux de solidarité se renforcent. L’histoire recèle de révolutions pacifiques, de grands changements de mentalité qui ont modifié le cours des choses. Cela demande de la persévérance, un certain courage moral et la volonté de s’engager.

S’engager, ce peut être agir à petite échelle : veiller au respect dans son foyer, dans son quartier, initier des cercles de parole, lire et partager des ouvrages qui ouvrent l’esprit, faire du bénévolat. C’est semer des graines de conscience un peu partout. La transformation n’est pas toujours rapide ni spectaculaire, mais elle prend racine dans chaque cœur qui s’ouvre à cette universalité.

Et lorsque des mouvements plus larges émergent , qu’ils soient écologiques, humanitaires ou spirituels –, ils s’appuient sur ces innombrables individus qui ont travaillé en secret, parfois dans la discrétion, à polir leur propre conscience. De proche en proche, cela peut influer sur la politique, l’économie, la culture.

Le grand défi : parvenir à fédérer, au-delà des divergences, celles et ceux qui œuvrent déjà à ce niveau de conscience. Souvent, même les personnes animées de bonnes intentions se divisent sur des détails : la méthode, la doctrine, la priorité des actions, etc. Revenir sans cesse à la conscience universelle permet de dépasser ces clivages : « Te souviens-tu que nous voulons la même chose ? L’harmonie, l’amour, la justice, la paix, la joie. » S’ancrer dans le respect de l’autre, se rappeler qu’il est un alter ego, un miroir, même quand il nous contredit, un partenaire dans l’évolution.

 

  1. De la critique à l’ouverture

Il arrive souvent, lorsqu’on est à un niveau de conscience particulier, qu’on juge sèchement ceux qui se situent ailleurs. Or, cette démarche engendre plus de conflits qu’elle n’en résout. Car chacun juge en fonction de sa propre perspective. Quelqu’un de profondément religieux, sûr de sa foi, jugera l’athée « privé de sens » ; l’athée convaincu jugera le religieux « aliéné » ou « superstitieux ». La personne engagée dans une pratique de méditation pourra voir le « matérialiste » comme un être « endormi », tandis que ce dernier trouvera la méditation « inutile » ou « égoïste ».

Pourtant, la conscience universelle nous invite à dépasser ces jugements. Elle nous rappelle que chacun fait de son mieux avec le bagage d’expériences, de blessures, de conditionnements qu’il a reçu. Personne n’est « condamné » à rester dans la survie ou l’ignorance, de la même façon que personne n’est « naturellement » illuminé. Tout est mouvement, chemin, potentiel.

Passer de la critique à l’ouverture, c’est aussi reconnaître la valeur de chaque étape. Le premier niveau de conscience n’est pas mauvais en soi : il assure la survie, c’est un moteur. Le deuxième niveau nous apprend la socialisation, les règles de la vie commune. Le troisième nous fait entrevoir un au-delà, une soif de sacré. Et le quatrième, qui reste souvent un idéal plus qu’une réalité permanente pour la majorité d’entre nous, nous fait toucher la possibilité d’une unité globale. Il n’y a donc pas à mépriser l’une ou l’autre étape, mais plutôt à comprendre comment chacune peut mener à la suivante, si l’on y met de la volonté et de l’humilité.

 

  1. Intégrer l’éveil au quotidien

La question finale, et peut-être la plus pressante , est : « Comment manifester cette conscience plus élevée dans le quotidien ? » Car on peut avoir de grandes illuminations lors d’une méditation, d’un rêve, d’une rencontre avec un maître spirituel ou même au beau milieu de la nuit vers 3h du matin, mais si, dès le lendemain, on retombe dans les automatismes de stress, d’irritation ou de jugement, on a l’impression que cette lueur s’évanouit.

Quelques pistes pour cultiver la continuité :

  1. La pratique régulière : Qu’il s’agisse de méditer, de prier, d’écrire un journal, de marcher en pleine conscience ou d’excercer la densification de conscience, de contempler la nature, de chanter, de se recueillir, peu importe. L’essentiel est la régularité. Chaque jour, accordez-vous un temps pour revenir à ce sentiment de connexion.
  2. La vigilance intérieure : Observer ses réactions dans les situations de la vie courante. Se surprendre à juger, à nourrir la peur, à vouloir dominer. Sans culpabilité, simplement en prendre note : « Tiens, je me défends encore. Je me sens menacé. Pourquoi ? Quelle blessure cela touche-t-il en moi ? »
  3. Le choix conscient : Que ce soit dans l’achat d’un produit, dans la façon de parler à quelqu’un, dans la manière de passer son temps, se demander régulièrement : « Est-ce que je fais ce choix par habitude, par peur, ou par alignement avec mes valeurs profondes ? »
  4. La gratitude : Apprendre à remercier pour la vie, pour un geste généreux, pour l’instant présent. La gratitude nous relie à l’abondance, éloigne la peur du manque, nous fait sentir soutenus par un univers qui n’est pas hostile, mais habité d’une intelligence bienveillante.
  5. Le service : Rendre service, aider, contribuer, sous une forme ou une autre. Cela peut être un simple coup de main, un conseil donné, un sourire offert, une implication plus grande dans une cause. Servir met en mouvement la conscience universelle, car on sort de son ego pour rencontrer l’autre.

Au fil du temps, ces pratiques nourrissent la flamme intérieure, renforcent notre capacité à vivre en harmonie. Il ne s’agit pas de devenir un saint intouchable, exempt de toute erreur ou colère. Il s’agit plutôt d’avancer, pas à pas, vers davantage d’authenticité, de paix et d’amour.

 

  1. Le mot de la fin : un appel à la responsabilisation et à l’amour

En fin de compte, chacun de nous est libre de s’arrêter à tel ou tel niveau de conscience. Certains ne se poseront jamais de questions existentielles, ne verront pas l’utilité de réfléchir à un sens plus vaste. D’autres sentiront un malaise, une soif qui les pousse à chercher ailleurs. Certains trouveront un apaisement dans une religion ou une philosophie. D’autres, encore, feront l’expérience directe de la connexion universelle, peut-être par hasard, et ne pourront plus vivre comme avant.

L’enjeu, pour l’humanité, est de reconnaître l’existence de ces différentes « vitesses de conscience » et de comprendre que c’est en grande partie la cause de tant de conflits. Les décalages entre ceux qui vivent dans la peur ou le désir de dominer et ceux qui se préoccupent d’harmonie, de partage, de compassion, créent des tensions constantes. C’est un fait. Mais c’est aussi une chance : car en identifiant ces écarts, on peut travailler à les combler, ou au moins à s’en accommoder avec respect et patience.

Notre civilisation a besoin, urgemment, de personnes qui assument leurs responsabilités quant à l’évolution collective. Des personnes qui perçoivent la réalité d’un destin commun, qui prennent soin de la terre, des animaux, des humains, qui promeuvent l’équité et la justice. Sans cela, nous risquons de nous enliser davantage dans les luttes de pouvoir, l’épuisement des ressources, la pollution, la destruction mutuelle.

Le « paradis perdu » dont parlent tant de mythes n’est peut-être jamais parti : il est dans le cœur de chaque être, attendant d’être ravivé. Il est dans l’unité profonde que nous pouvons ressentir avec la Vie. Il est dans la sincérité de nos liens, dans la beauté que nous voyons lorsque nous contemplons un ciel étoilé, un paysage, le sourire d’un enfant. Il est dans la compassion qui nous pousse à tendre la main, dans le pardon qui nous libère, dans la ferveur qui élève notre esprit.

Nous sommes certes capables du pire, mais aussi du meilleur. Et si la clé ultime résidait simplement dans l’engagement lucide, humble et courageux, à se voir soi-même tel que l’on est, puis à cultiver le meilleur en nous ? À œuvrer pour que ce « meilleur » ne reste pas une belle idée, mais se reflète concrètement dans nos actes, nos paroles et nos choix quotidiens.

Mon ressenti : Je crois qu’il y a, au fond de chaque âme, une intuition que quelque chose de plus grand nous relie. Cette intuition peut être étouffée par les exigences matérielles, les peurs, la colère, la souffrance, les blessures. Mais dès qu’on lui laisse un espace, elle vibre avec force et nous fait aspirer à un mode de vie plus solidaire, plus aimant, plus respectueux. C’est peut-être une route semée d’obstacles, de découragements, mais aussi de moments de grâce qui en valent la peine.

Si vous sentez en vous l’élan de participer à l’élévation de la conscience, sachez que vous n’êtes pas seul. La route est déjà foulée par d’innombrables chercheurs, sages, mystiques, artistes, scientifiques, militants, penseurs qui ont pressenti cette vérité et ont tenté, chacun à sa manière, de la manifester. Rejoindre ce courant, c’est accepter d’être plus vulnérable, de se confronter à son ego, mais c’est aussi grandir en humanité.

Et vous, à présent : quel est votre prochain pas ? Peut-être est-ce simplement un instant de silence, les yeux fermés, respirant doucement, vous reliant à l’essence de la vie en vous. Peut-être est-ce la décision de changer un geste répétitif du quotidien en y ajoutant conscience et gratitude. Peut-être est-ce un pardon que vous souhaitez accorder ou demander, une personne que vous désirez réconcilier ou encourager. Parfois, un petit acte posé dans l’énergie du cœur vaut tous les discours.

Voilà l’invitation : reconnaître où nous en sommes, et envisager de progresser vers cette forme de conscience universelle. Au-delà des croyances, des dogmes et des luttes de pouvoir, nous portons en nous un potentiel de transformation. C’est une œuvre à la fois humble et magnifique, personnelle et collective, qui demande de la persévérance et de la douceur. Nous avons tous la possibilité, à chaque instant, de faire un pas vers la lumière intérieure, un pas de plus sur la route qui nous ramène au « paradis » d’une humanité solidaire, créative, fraternelle et aimante.

Puissions-nous être suffisamment nombreux à nous en souvenir pour que ce monde retrouve son élan vers la beauté et la joie partagée. Et puis, qui sait, peut-être qu’en changeant notre rapport au monde, nous inspirerons d’autres à en faire autant, et peu à peu, l’édifice de la conscience humaine se haussera vers des sommets que nous n’osons à peine imaginer. C’est une espérance, oui, mais elle vibre dans le cœur de beaucoup. À nous de lui offrir un chemin.

 

Merci de m'avoir lu.

Giulio Fioravanti

Cherchant et explorateur de ma vie.

 

 

 

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