La démocratie : un mirage à l’extérieur, une quête intérieure

Publié le 13 novembre 2024 à 11:37

Aujourd’hui, nous entendons sans cesse que « la démocratie est en danger ». Ce cri, jeté comme une incantation, semble supposer que la démocratie est une réalité stable qui pourrait nous être arrachée. Mais cette croyance, bien que noble dans ses aspirations, relève-t-elle de l’ignorance des vérités intérieures humaines ? Nous qui portons en nous des conflits profonds, pouvons-nous réellement prétendre à une société sans dominants ni dominés ? Peut-être est-il temps de se demander si ce système démocratique que nous idéalisons n’est pas en fait un mirage tant que nous n'avons pas nous-mêmes dompté les forces intérieures qui nous gouvernent.Un corps en guerre intérieure

Avant de songer à une société équilibrée, regardons notre propre univers intérieur. Notre corps, composé de milliards de cellules, fonctionne étonnamment bien dans une harmonie organique. Chaque cellule remplit sa fonction, qu’il s’agisse du foie, du cœur, des poumons ; chacune agit dans son domaine sans empiéter sur celui de l’autre. Ce microcosme est en soi un modèle de coopération silencieuse et d’interdépendance, un exemple de ce que pourrait être la démocratie, si elle existait réellement. Et pourtant, même là, des déséquilibres surgissent : des pensées troublantes, des émotions impulsives, des instincts de survie et des peurs prennent souvent le dessus.

En réalité, l'être humain est un terrain de bataille où se confrontent inconscient, ego, émotions et conscience. Ces dimensions internes façonnent nos comportements, nous poussent à agir parfois avec méchanceté sans bienveillance, sans empathie, guidés par des peurs archaïques et des désirs de survie. Comment alors croire qu'une société juste, équilibrée, bienveillante puisse naître sans d'abord libérer l’homme de cette confusion intérieure ?

L’inconscient, maître caché

L'inconscient est un monde caché, mais ô combien puissant, qui nous dirige bien plus que nous ne le pensons. Ses motivations essentielles – la survie, la reproduction, la réparation – guident nos instincts les plus profonds. Ce sont des forces primaires, vitales, qui poussent l’humain vers la domination, la protection de soi à tout prix, voire la destruction de l’autre si cela semble nécessaire à sa propre survie.

Prenons un exemple simple : face à une menace, notre inconscient ne cherche pas le dialogue ni la compréhension ; il active des réflexes de défense pour assurer notre survie. Ce réflexe, bien que nécessaire, entre en conflit direct avec les valeurs démocratiques de coopération, de tolérance et de justice. Nous reproduisons, inconsciemment, des schémas de mépris, de rejet de l'autre, de soumission à des leaders dominants qui nous promettent la sécurité. Comment, dès lors, construire une société qui prône l’égalité si ces forces archaïques nous contrôlent encore ?

La quête d’une démocratie intérieure

Si la démocratie est un idéal, c’est parce qu’elle repose sur des valeurs spirituelles profondes : l’empathie, la compassion, la justice, le respect de l’autre. Pour atteindre cet idéal, il semble inévitable de commencer par « nettoyer » notre intérieur, de faire face à notre propre violence, à notre propre haine, de comprendre ce qui la motive et d’où elle vient. Car tant que nous n’aurons pas affronté ces zones sombres en nous, la société restera un champ de bataille d’égos, dominée par des forces inconscientes qui luttent pour la survie, au détriment du bien commun.

Ainsi, avant de crier au danger pour la démocratie, peut-être devrions-nous nous poser une question simple, mais essentielle : sommes-nous capables de vivre en démocratie avec nous-mêmes ? Ce travail intérieur, que certains appellent éveil de la conscience, est un chemin exigeant mais indispensable. Il implique d’éduquer notre conscience, de cultiver un regard lucide sur nos propres pulsions, nos pensées et nos actes.

Utiliser la conscience pour transformer l’inconscient

Mais alors, comment éduquer cette conscience ? La clé réside dans l’utilisation de notre pouvoir de création conscient. Si notre inconscient nous pousse sans cesse à survivre, notre conscience, elle, est dotée de la capacité de rêver, de créer, de façonner un avenir différent. La conscience est cet espace fragile mais essentiel où peuvent germer le beau, le bon, le bien. Elle est notre potentiel de lumière face aux forces de l’ombre qui nous animent.En utilisant notre conscience pour orienter notre inconscient vers des actes de bonté, de générosité, nous pouvons progressivement nous libérer des chaînes invisibles de l’instinct de survie. Cela ne signifie pas renier notre humanité, mais la sublimer, en transformant nos instincts en une force de vie créative. En faisant de notre inconscient un allié, nous ouvrons la voie à une humanité plus harmonieuse, capable de bâtir une véritable démocratie qui ne serait plus une lutte pour la domination, mais une expression de notre essence la plus noble.

Une solution : éduquer la conscience dès la naissance

Imaginez une société où, dès la naissance, nous apprenons à nos enfants non seulement à penser et à se développer, mais aussi à maîtriser et comprendre leur monde intérieur. Une société où la conscience serait cultivée avec la même intensité que nos progrès technologiques. Cela pourrait sembler idéaliste, mais ne serait-ce pas là le véritable chemin vers une évolution humaine ?

En comprenant que notre conscience peut être le socle de la société, nous éduquons non seulement l’individu, mais nous préparons une humanité capable d’agir en harmonie avec elle-même. Ce chemin de conscience est certes lent et demande un éveil à l’échelle collective, mais il est la seule issue pour rompre avec le cycle de répétition de nos erreurs. Car en fin de compte, la véritable démocratie ne se décrète pas : elle se construit dans le cœur de chaque individu, par un effort constant de transformation et de lucidité.

Une réflexion pour aujourd’hui

Alors, la prochaine fois que nous entendons que la « démocratie est en danger », réfléchissons : peut-être n’a-t-elle jamais existé, car elle n’a pas encore trouvé sa place en nous. Ce n’est pas un appel au désespoir, mais à une prise de conscience puissante, à un éveil intérieur. La démocratie extérieure n’est qu’un miroir. Lorsque chacun d’entre nous aura entrepris ce chemin vers une démocratie intérieure, où règnent l’équité, la compassion et la justice, alors seulement pourrons-nous espérer la voir fleurir dans notre société. C’est un rêve audacieux, mais c’est peut-être le seul rêve qui vaille la peine d’être poursuivi pour le bien de l’humanité.

Bonne lecture...

Giulio Fioravanti

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