Je voudrais vous poser une question qui, je le crois, mérite réflexion : avons-nous réellement une « mission de vie » à accomplir ? Cette idée revient souvent dans les conversations, dans les quêtes spirituelles, et même dans notre quotidien. Nous nous interrogeons : quelle est ma mission, pourquoi suis-je ici ? Mais, en toute humilité, n’est-ce pas là une forme de vanité, un jeu subtil que notre conscience nous impose pour nous faire croire que notre existence est plus importante qu’elle ne l’est en réalité ?
Si nous observons le règne animal, prenons l'exemple d'un chat, d’un chien ou même d’un ver de terre, il est peu probable que ces créatures se posent la question de leur raison d’être. Elles vivent simplement, en harmonie avec leurs instincts et leur environnement, sans chercher à comprendre le pourquoi de leur existence. Alors, pourquoi nous, en tant qu'êtres humains, ressentons-nous ce besoin de donner un sens à notre vie ? Est-ce parce que notre conscience, capable de réfléchir, d’anticiper et de se projeter, crée cette idée d’une mission supérieure pour justifier notre place au sein de l’univers ?
J’ai souvent pensé que cette notion de « mission de vie » pourrait être une construction de notre esprit, un outil utilisé par notre conscience pour nous rassurer, pour nous donner une raison d’être, alors que, d’un point de vue biologique, nous ne sommes qu’une espèce parmi d'autres. Nous sommes soumis aux mêmes lois naturelles que les animaux ou les plantes, et pourtant, nous agissons souvent comme si nous étions supérieurs, comme si notre existence devait impérativement avoir une signification plus grande.
Mais n’est-il pas légitime de se demander si cette quête de sens n’est pas, en réalité, une tentative de masquer le vide ou l’insignifiance de notre présence dans le vaste schéma de l’univers ? En cherchant constamment à justifier notre importance, ne sommes-nous pas en train d’occulter l’essentiel : nous ne sommes qu’une partie d’un écosystème bien plus vaste, un élément parmi d’autres, ni plus, ni moins.
Je me demande aussi si cette idée de mission n'est pas un moyen inconscient de nous rassurer face à l’incertitude de la mort. Se donner une mission, c’est se donner un but, et ainsi, notre passage éphémère sur Terre semble moins futile. Pourtant, je ne peux m’empêcher de me poser cette question : et si notre véritable mission n’était pas celle que nous nous imaginons ? Et si, plutôt que de chercher une quête grandiose, nous devions simplement accepter notre rôle en tant que participants d’un équilibre fragile, où chaque être, chaque espèce, a sa place sans avoir besoin de se penser supérieur ?
En approfondissant cette réflexion, une autre question s’est imposée à moi : le rôle de notre inconscient dans cette quête de domination et de sens. N'est-il pas possible que notre inconscient, avec son instinct primaire de survie, crée des récits et des justifications morales pour légitimer notre tendance à vouloir dominer notre environnement et les autres espèces ? Nous trouvons souvent des raisons logiques, des arguments éthiques pour justifier des actions qui, en réalité, sont souvent guidées par des pulsions bien plus profondes, des instincts qui cherchent avant tout à assurer notre survie.
Cela m'amène à une idée qui mérite d’être explorée : et si notre inconscient construisait ces justifications morales non pas pour le bien de l’humanité, mais simplement pour protéger notre image de soi ? Nous croyons que notre existence a un but plus grand, que nous sommes porteurs d’une mission spéciale, et cela nous déculpabilise face aux dégâts que nous infligeons à la nature, ou aux autres formes de vie. Nous justifions nos actes destructeurs par des arguments comme le progrès ou la nécessité de subvenir aux besoins de notre espèce.
Mais, à bien y réfléchir, ne serait-ce pas une illusion de notre inconscient, qui nous pousse à croire que nous avons un rôle supérieur ? En reconnaissant cela, je pense que nous pourrions prendre conscience de la véritable nature de notre place dans ce monde. Nous ne sommes pas les maîtres, mais des gardiens d’un équilibre que nous devons respecter. Si nous sommes prêts à cette prise de conscience, alors peut-être que nous pourrions commencer à libérer notre esprit de ces illusions de grandeur et retrouver une humilité nécessaire pour coexister avec toutes les autres formes de vie.
Je vous invite à vous poser cette question : et si notre quête de mission de vie, au fond, n'était qu'une manière inconsciente de justifier notre désir de survie et de domination ? Si nous acceptons cette hypothèse, cela nous amène à une réflexion profonde sur la manière dont nous agissons envers notre planète, nos semblables, et la vie dans son ensemble.
Peut-être que la vraie mission, si mission il y a, réside simplement dans le fait de vivre avec humilité, en harmonie avec tout ce qui nous entoure, sans chercher à être plus ou mieux, mais simplement en étant pleinement. En tant que simples participants de ce vaste réseau de vie, nous avons beaucoup à apprendre de ceux qui n'ont pas besoin de se poser de telles questions pour exister en paix.
Je vous laisse cette pensée, non pas comme une vérité absolue, mais comme une invitation à la réflexion, à l’introspection, et surtout à l’humilité.
Avec bienveillance,
Giulio Fioravanti
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